Grossesse et exposition aux rayonnements ionisants

Le 25 juillet 2013

ConseilsRisques d'expositions

Grossesse et exposition
aux rayonnements ionisants
article publié le 25 juillet 2013

L’exposition aux rayonnements ionisants suscite de nombreuses questions et d’inquiétudes pour les femmes enceintes susceptible d’être soumise à des expositions radiologiques dans le cadre du travail. Qu’elles soient exposées comme patientes ou dans le cadre de leurs activités professionnelles.

L’article suivant à pour objet de décrypter les recommandations de la commission internationale de protection radiologique (CIPR)*, ainsi que des données chiffrées publiées sur l’exposition d’un nouveau né.

Lors d’un début de la grossesse, des effets tératogènes suite l’exposition aux rayonnements ionisants peuvent advenir sur l’embryon, et sur l’enfant à naître, c’est pourquoi il est impératif de déclarer le plus précocement possible un état de grossesse à son médecin du travail, à son médecin traitant ou à son médecin de famille.

Quel que soit le médecin, il doit établir avec vous les préconisations, et les règles d’usage à respecter en prenant en compte la nature risque d’exposition radiologique au travail, s’il en est, ou pour un radiodiagnostic.

 

Déf. Effets Tératogènes : qui provoquent des malformations chez les enfants exposés in utero.

Les effets d’une exposition aux rayonnements ionisant « in utero »

 

Les principaux risques pour l’enfant à naître sont les malformations et des cancers induits sur le long terme.

 

Les effets tératogènes (malformations, effets sur le système nerveux central) sont des effets déterministes, à seuil d’apparition, qui dépendent du moment de l’exposition par rapport à celui de la conception et de la dose absorbée par l’embryon. La sensibilité aux malformations est très élevée durant la phase d’organogenèse, et au début du développement fœtal, elle est un peu moins élevée au cours du 2ème trimestre de la grossesse et encore moins au cours du 3ème trimestre.

 

Durant la phase préimplantatoire (8  premiers jours), l’effet des irradiations peut se traduire par un arrêt de la grossesse.

 

Pendant la phase d’organogenèse (entre la 3ème et la 8ème semaine), l’atteinte d’un groupe de cellules peut entraîner une malformation majeure d’un organe. La plupart des auteurs situent le seuil de ces effets déterministes autour de 100 milligrays (mGy).

 

A partir de la 8ème semaine, le risque d’atteinte majeur concerne le système nerveux central. Au-dessous de 100 mGy, aucune diminution du quotient intellectuel (QI) n’est décelable. Le seuil d’apparition d’une arriération mentale profonde est évalué à environ 500 mGy. À 1000 mGy, le QI diminue de 25 points et la probabilité d’arriération mentale profonde est de 40 %. Ces effets sont moins prononcés en cas d’exposition entre la 16ème et la 25ème semaine et ne sont plus observés au-delà.

 

L’induction de cancer et de leucémie est un effet aléatoire pour lequel on présume que l’embryon ou le fœtus réagit comme le jeune enfant. Le risque de cancer augmente avec la dose, quelle que soit celle-ci. Dans l’état actuel des connaissances, le risque de cancer létal est estimé au maximum à 0,6 % pour 100 mGy reçus in utero. Cette valeur est le résultat d’un calcul et non d’observations.

 

* CIPR – publication 84 (1999), « Radiation and Your Patient – A Guide for Medical Practitioners  » (2001), publication 90 (2003), publication 103 (2007), publication 105 (2007).

 

Les publications 84 et 103, ainsi que le guide «  Vos patients et les rayons  » sont disponibles en français dans la Collection lignes directrices IRSN, éditions Tec & Doc.

 

Sans exposition artificielle 

 

L’incidence spontanée de malformations dans la population, en l’absence d’exposition aux rayonnements ionisants autre que l’exposition naturelle, est estimée à 3%.

 

Que dit la réglementation pour les patientes en cours de grossesse et exposées aux rayonnements ionisants à des fins médicales ?

 

Pour les femmes enceintes exposées à des fins médicales Article R. 1333-61 du code de la santé publique « Lorsque l’exposition aux rayonnements ionisants concerne une femme en âge de procréer, le médecin réalisateur d’un acte de radiodiagnostics doit et à l’obligation de rechercher s’il existe un éventuel état de grossesse.

Si la femme est en état de grossesse ou allaitante, ou si l’éventualité d’une grossesse ne peut être exclue, une attention particulière doit être accordée à la justification de l’acte de radiodiagnostics.

En tenant compte de l’urgence, de l’exposition de la femme et de celle de l’enfant à naître. Si, après justification, une exposition par des radionucléides est réalisée chez une femme en état de grossesse ou allaitante, ou si l’éventualité d’une grossesse ne peut être exclue, l’optimisation de l’acte doit nécessairement tenir compte de cet état […] »

 

Pour les femmes enceintes potentiellement exposées dans le cadre de leur activité professionnelle […] Articles D. 4152-5 et R. 4451-45 du code du travail 

 

Le code du travail considère l’enfant à naître comme une personne du public et impose donc que les conditions de travail de la femme enceinte, après sa déclaration de grossesse, soient telles que la dose efficace pendant le reste de la grossesse soit aussi faible que raisonnablement possible, et ne dépasse pas 1 mSv sur 12 mois (soit 80 µSv / mois). Les femmes enceintes ne peuvent être affectées à des travaux qui requièrent un classement en catégorie A.

 

Déclaration des événements significatifs radiologique (ESR)

Sur le travail, la limite de dose efficace radiologique réglementaire pour une femme en cours de grossesse est de 80 µSv/mois sur la période de grossesse.  Tout dépassement de cette limite de dose de 80 µSv/mois durant la période relative à la grossesse se conclut par la déclaration d’un évènement significatif radiologique ESR.

Tout ESR déclenche systématiquement auprès des autorités compétentes une enquête qui a pour but de déterminer les manquements qui ont conduit à l’évènement significatif radiologique, et les personnes mises en cause.

Pour les femmes enceintes exposées dans le cadre de leur activité professionnelle  : l’exposition de l’enfant à naître d’une travailleuse au-delà de 1 mSv constitue également un événement significatif devant faire l’objet d’une déclaration.

 

La grossesse et les examens médicaux de radiodiagnostics

 

Avant la réalisation d’un examen radiologique, il conviendra de déterminer si une patiente est enceinte ou susceptible de l’être, et si l’embryon ou le fœtus va se trouver dans le champ d’exploration. En cas de grossesse, si l’examen ne peut être reporté après l’accouchement, il convient de minimiser, autant que faire se peut, la dose délivrée à l’embryon ou au fœtus. Une estimation de la dose fœtale est alors indispensable.

 

Tout examen impliquant l’administration de produits radiopharmaceutiques doit être traité comme une procédure radiographique. Pour éviter toute lésion grave à la thyroïde du fœtus, toute procédure utilisant l’iode 131 sous forme ionique est contre-indiquée à partir de 8 à 10 semaines de grossesse.

 

Malgré ces précautions, une grossesse précoce peut être découverte après un examen radiologique. Dans ce cas, une évaluation de l’exposition de l’embryon ou du fœtus doit être réalisée.

 

Nota : La Commission internationale de protection radiologique (CIPR) considère qu’une dose absorbée inférieure à 100 mGy ne doit pas être considérée comme une raison de mettre un terme à la grossesse.

 

L’incidence spontanée cumulée de cancer et de leucémie chez l’enfant entre 0 et 15 ans, en l’absence d’exposition aux rayonnements ionisants supérieure à l’exposition naturelle, est d’environ 0,2 à 0,3 %.

 

Lorsque l’utérus se trouve hors du champ d’exploration (radiographie ou scanner de la tête, du thorax, des membres…) la dose efficace radiologique reçue par l’embryon ou le fœtus est inférieure à 1mSv.

 

Source IRSN et ICRP

 

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